5

 

 

 

Toute la nuit, les vents soufflèrent capricieusement – tantôt rafale et tantôt soupir, tantôt tornade et tantôt zéphyr. L’accalmie s’installa brusquement à l’aube et, quand le soleil se leva, le Vargaz tanguait sur une mer trouble.

À midi, une terrible bourrasque précipita le bâtiment vers le sud comme s’il ne s’agissait que d’un jouet, sa haute proue barattant la mer écumeuse. Les passagers restèrent confinés dans le carré. Heizari, que l’on avait pansée, ne quitta pas la cabine qu’elle partageait avec Edwe. Elle était pâle. Reith lui tint compagnie pendant une heure. Elle était pratiquement incapable de parler d’autre chose que de l’atroce expérience qu’elle avait vécue la veille.

— Mais pourquoi a-t-elle fait quelque chose d’aussi épouvantable ?

— Les Yao sont apparemment enclins à ce comportement.

— Je l’ai entendu dire. Mais la folie elle-même a une raison.

— D’après l’Homme-Dirdir, elle a été terrassée par la honte.

— Quelle absurdité ! Une fille aussi belle qu’elle ? Qu’est-ce qui a pu la pousser à une telle extrémité ?

— C’est une question que je préfère ne pas approfondir, murmura le Terrien.

Les vagues étaient maintenant de véritables collines qui soulevaient le Vargaz dont la coque arrondie geignait et vibrait en glissant le long de leur versant. Enfin, un beau matin, le soleil jaillit dans un ciel vierge de nuages. Le gros temps dura encore une journée, puis les éléments s’apaisèrent progressivement et, toutes voiles dehors, la felouque, poussée par une jolie brise d’ouest, poursuivit son chemin.

Trois jours plus tard, on vit surgir au sud un îlot sombre aux formes mal définies que le capitaine déclara être un repaire de corsaires et qu’il surveilla attentivement dans le hunier jusqu’au moment où l’obscurité eut englouti l’île.

Les jours se succédaient, uniformes et singulièrement neutres. L’avenir était incertain. Reith devenait nerveux et ne tenait plus en place. Comme Pera était loin ! C’était une époque qui lui paraissait si innocente et si simple ! Alors, Cath représentait pour lui un havre – la sécurité et la civilisation. Il avait la certitude que, par reconnaissance, le Seigneur Jade Bleu faciliterait ses projets. Cette espérance avait fait long feu !

Le Vargaz approchait du continent de Kachan. Là, le capitaine comptait profiter des courants septentrionaux pour pénétrer dans le détroit de Parapan.

Un matin, en arrivant sur le pont, Reith aperçut une île d’aspect remarquable par tribord. D’une surface peu importante – moins de quatre cents mètres de diamètre – elle était ceinturée au ras de l’eau par un mur de verre noir haut de trente mètres derrière lequel se dressaient une douzaine d’édifices de tailles variables aux proportions disgracieuses.

Anacho, ses étroites épaules voûtées, une expression morose peinte sur son visage étiré, le rejoignit.

— Voilà le bastion d’une race malfaisante : la race des Wankh.

— Pourquoi malfaisante ? Parce qu’ils sont en guerre avec les Dirdir ?

— Parce qu’ils refusent de mettre fin à la guerre. Aucune des deux parties n’a d’avantages à retirer de cette confrontation. Les Dirdir ont proposé qu’on arrête les hostilités. Les Wankh ont refusé. C’est un peuple brutal et indéchiffrable !

— Je ne sais évidemment rien du conflit. Pourquoi cette île est-elle entourée d’un mur ?

— Pour décourager les Pnume qui infestent Tschaï comme des rats. Les Wankh ne sont pas une nation sociable. En fait… Tiens ! Regarde sous la surface de l’eau.

Reith obéit et distingua une silhouette humaine et sombre qui accompagnait le navire à dix ou quinze pieds de profondeur. Une espèce de ceinture métallique la serrait à la taille et elle se déplaçait sans faire de mouvements. Soudain, le personnage se contorsionna, s’éloigna obliquement par rapport au Vargaz et se perdit dans les ténèbres.

— Les Wankh sont amphibies, poursuivit Anacho.

— Ils utilisent des propulseurs électriques quand ils se livrent à leur sport sous-marin.

Reith braqua de nouveau son sondoscope. Comme la muraille, les tours de la ville étaient faites de verre sombre, elles étaient percées de fenêtres rondes, disques plus noirs que la couleur noire. De fragiles balcons faits d’entrelacs cristallins servant de passerelles conduisaient aux bâtiments plus éloignés. Le Terrien vit quelque chose bouger. Un couple de Wankh ? Il regarda avec plus d’attention et constata qu’il s’agissait d’hommes – d’Hommes-Wankh, sans aucun doute. Leur peau avait la blancheur de la farine et leur crâne plat se hérissait de touffes noires. Leur visage lisse avait une expression taciturne. Ils portaient un vêtement sombre d’une seule pièce, agrémenté d’une large ceinture de cuir noir à laquelle étaient suspendus de petits accessoires, des outils, des instruments. Au moment où ils pénétraient à l’intérieur d’un édifice, ils se tournèrent vers le Vargaz et, l’espace d’un instant, Reith les vit de face. Il sursauta et abaissa son sondoscope.

Anacho lui jeta un regard en coulisse.

— Que t’arrive-t-il ?

— Je viens de voir deux Hommes-Wankh. À côté d’eux, même toi, qui es un étrange mutant, une espèce de monstre, tu as l’air banal par comparaison.

L’Homme-Dirdir eut un sourire railleur.

— En fait, ils ne diffèrent guère du sous-homme type.

Reith ne releva pas le propos. D’abord, parce qu’il était incapable de définir exactement ce qui l’avait frappé et qui transparaissait sous ces masques blêmes et impénétrables. Il regarda encore, mais les Hommes-Wankh n’étaient plus là.

Dordolio, qui les avait rejoints, contemplait le sondoscope d’un air fasciné.

— Qu’est-ce que c’est que cet instrument ?

— Un appareil d’optique électronique, répondit laconiquement Reith.

— Je n’ai jamais rien vu de pareil. (Dordolio se tourna vers Anacho.) C’est de fabrication dirdir ?

— Je ne crois pas, fut la réponse sibylline de l’Homme-Dirdir.

Dordolio décocha à Reith un coup d’œil surpris.

— Est-ce un objet chasch ? ou wankh ? (Il examina les caractères gravés sur la plaque.) Qu’est-ce que c’est que cette écriture ?

Anacho haussa les épaules :

— Je suis incapable de la lire.

— Et vous, vous pouvez déchiffrer ça ? demanda Dordolio à Reith.

— Je le pense.

Et, ne résistant pas à une soudaine envie de se montrer facétieux, le Terrien lut à haute voix :

 

Agence Fédérale de l’Espace

Section Equipement et Matériel

Télescope Binoculaire à Photomagnification type

Mark XI IX-1000X

Non projectif et inutilisable dans l’obscurité totale

BAF-1303-K-29023

Employer exclusivement des blocs énergétiques, modèle D5. Si la lumière est mauvaise, enclencher le compensateur de couleurs. Ne regarder ni le soleil ni une source lumineuse intense : l’œil peut être endommagé en cas de défaillance du régulateur d’admission lumineuse automatique.

 

— Quel est ce langage ? s’exclama Dordolio en ouvrant de grands yeux.

— Un des nombreux idiomes humains.

— Mais de quelle région ? Les hommes parlent la même langue d’un bout à l’autre de Tschaï, que je sache.

— Plutôt que de vous embarrasser tous les deux, je préfère ne rien dire. Continuez de penser que je suis amnésique.

— Nous prenez-vous pour des imbéciles ? gronda Dordolio. Sommes-nous des enfants pour éluder ainsi nos questions ?

— Il est parfois sage de sauvegarder les mythes, fit Anacho sans regarder personne en particulier. Trop de science peut devenir un pesant fardeau.

Dordolio se mordilla la moustache. Du coin de l’œil, il regarda encore le sondoscope avant de s’éclipser brusquement.

Trois autres îles étaient visibles, maintenant, chacune ceinte d’une muraille enserrant un ensemble de bâtiments noirs à l’architecture excentrique. Une ligne sombre barrait l’horizon : le continent de Kachan.

À mesure que s’écoulaient les heures, cette ombre gagna en intensité tandis que se précisaient les détails. Finalement, elle se métamorphosa en montagnes jaillissant de la mer. Le Vargaz côtoya le rivage en direction du nord ; l’ombre des pics le recouvrait presque. Des rapaces aux noires ailes en biseau voletaient autour des mâts en poussant de mornes hululements accompagnés de cliquetis de mandibules. En fin d’après-midi, on repéra une baie fermée dans l’échancrure des falaises. Une ville hétéroclite s’étalait au sud, et au nord, plantée sur un promontoire, se dressait une forteresse wankh semblable à une floraison anarchique de cristaux noirs. À l’est, où le terrain était horizontal, se trouvait un port spatial sur lequel on distinguait un grand nombre d’astronefs de types et de tailles divers.

Reith examina au sondoscope le paysage et le flanc de la montagne qui descendait en pente douce vers le spatiodrome. Intéressant, très intéressant, se dit-il songeusement.

Le capitaine s’approcha et leur apprit que le port, qui s’appelait Ao Hidis, était un important centre wankh.

— Je n’avais pas l’intention de m’enfoncer si loin au sud mais, puisque nous sommes là, je vais essayer de vendre mes cuirs et mes bois de Grenie. Ensuite, je chargerai des produits chimiques que j’apporterai à Cath. Un mot d’avertissement pour ceux qui auraient envie de tirer une bordée. Il y a deux villes : Ao Hidis proprement dite, qui est la ville des hommes, et une autre au nom imprononçable, qui est celle des Wankh. La première est habitée par plusieurs races différentes, dont les Lokhars. Mais le gros de la population est constitué par les Noirs et les Pourpres. Ils ne se mélangent pas et ne s’intéressent qu’à leurs seuls congénères. Vous pourrez vous promener sans crainte dans les rues, faire les achats que vous voudrez dans n’importe quelle boutique ou à n’importe quel étal, à condition qu’il soit à l’air libre. N’entrez en aucun cas, en revanche, dans un endroit clos, magasin ou cabaret, qu’il soit noir ou pourpre : vous n’en ressortiriez vraisemblablement pas. Il n’y a pas de lupanars publics. Si vous achetez quelque chose dans une boutique noire, ne vous arrêtez pas devant une boutique pourpre avec vos emplettes : cela irriterait et vous risqueriez de vous faire insulter. Il y a même eu des cas d’agression. Même chose si vous faites vos achats dans une boutique pourpre. Quant à la ville wankh, elle n’offre aucune distraction. Vous pourrez tout au plus regarder les Wankh, qui n’y voient aucune objection. Tout compte fait, c’est un port sinistre et les divertissements y sont rares.

Le Vargaz accosta à un quai au-dessus duquel flottait une oriflamme pourpre.

— À mon dernier passage, dit le capitaine à Reith, j’ai travaillé avec les Pourpres. Je n’ai eu qu’à me louer d’eux et leurs prix sont honnêtes. Je ne vois aucune raison de changer ma pratique.

Des manutentionnaires arrimèrent le navire. C’étaient des Pourpres au visage rond, à la tête sphérique, à l’épiderme prune. Du quai voisin, des Noirs observaient la scène avec une animosité teintée de morgue. Leur morphologie était semblable à celle des Pourpres. La seule différence était leur peau grise bizarrement mouchetée de taches noires.

— Personne ne connaît la raison de cette disparité, fit le capitaine. Une même mère peut avoir un enfant pourpre et un enfant noir. Les uns mettent ça sur le compte du régime, d’autres encore accusent les drogues. Certains pensent qu’il s’agit d’une maladie affectant une glande responsable de la coloration épidermique dans l’ovule. Mais les Wankh naissent noirs ou pourpres et chacun des deux groupes considère que l’autre est un paria. L’union mixte est stérile – c’est du moins ce que l’on dit – et l’idée de s’unir avec un congénère d’une autre couleur horrifie les Wankh. Ils préféreraient s’accoupler avec des molosses de la nuit.

— Mais l’Homme-Dirdir ? interrogea Reith. Ne risque-t-il pas de se faire faire un mauvais parti ?

— Bah ! Les Wankh sont au-dessus de telles futilités. Les Chasch Bleus sont réputés pour leur malice sadique et l’implacabilité des Dirdir échappe à toute prévision. Mais à ma connaissance, il n’y a pas, sur Tschaï, de peuple plus indifférent et plus détaché que les Wankh. Il est rare qu’ils cherchent des ennuis aux hommes. Peut-être font-ils le mal en secret comme les Pnume : personne ne le sait. Les Hommes-Wankh, c’est autre chose… Ils sont aussi froids que des goules et il est imprudent de les contrarier. Bien… Nous voici amarrés. Vas-tu descendre à terre ? N’oublie pas mes conseils. Ao Hidis est une ville dont il faut se méfier. Fais mine d’ignorer aussi bien les Noirs que les Pourpres. Ne parle à personne et ne te mêle de rien. Lors de ma précédente escale, j’ai perdu un matelot qui avait acheté un châle dans une boutique noire et était ensuite allé boire du vin dans un troquet pourpre. Quand il est remonté à bord, il ne tenait plus sur ses jambes et il avait de la mousse qui lui sortait des narines.

Anacho préféra rester sur le Vargaz et Reith descendit à terre en compagnie de Traz. Après avoir traversé le quai, ils s’engagèrent dans une rue pavée de dalles de schiste à mira flanquée de maisons rudimentaires faites de pierre et de bois que cernaient des détritus. Ils croisèrent quelques véhicules à moteur d’un modèle que le Terrien n’avait encore jamais vu. Sans doute étaient-ils de fabrication wankh.

Les tours qui bordaient le rivage s’étiraient vers le nord. L’astroport se trouvait dans la même direction.

Apparemment, il n’y avait pas de transports publics et les deux hommes durent faire la route à pied. Aux baraques succédèrent des habitations plus prétentieuses ; enfin, ils arrivèrent sur une place entourée de boutiques et d’éventaires. Les passants étaient pour moitié des Noirs et pour moitié des Pourpres. Aucune des deux races ne prêtait attention à l’autre. Les Noirs achetaient chez les Noirs, les Pourpres se servaient dans les magasins pourpres. Noirs et Pourpres se bousculaient sans jamais s’excuser. L’odeur de la haine imprégnait l’atmosphère.

Reith et Traz poursuivirent leur chemin, toujours vers le nord. Après avoir traversé la place, ils empruntèrent une route cimentée et se trouvèrent bientôt devant une palissade faite de hauts pieux de verre qui ceinturait le port spatial. Reith s’immobilisa et étudia les lieux.

— Je n’ai pas une âme de voleur, mais regarde ce petit astronef ! fit-il. J’aurais plaisir à le confisquer à son actuel propriétaire.

— C’est un appareil wankh, répliqua Traz avec pessimisme. Tu ne saurais pas le manœuvrer.

Le Terrien acquiesça.

— C’est vrai. Mais si j’avais un peu de temps – disons une semaine – je pourrais apprendre. Par la force des choses, les principes de l’astronavigation sont partout les mêmes.

— Tu n’as aucun sens pratique ! le gourmanda Traz.

Reith dissimula son sourire. Parfois, son compagnon retrouvait la personnalité sévère d’Onmale, l’emblème quasiment vivant que l’adolescent portait lors de leur première rencontre. Traz secoua la tête d’un air dubitatif.

— Laisserait-on des engins en état de marche et qui valent cher sans personne pour les garder ? C’est peu vraisemblable !

— J’ai pourtant l’impression qu’il n’y a personne à bord de ce petit appareil, rétorqua Reith. Même les vaisseaux de commerce semblent vides. Pourquoi les garderait-on ? Qui, en dehors d’un type comme moi, aurait l’idée d’en subtiliser un ?

— Mais à supposer que tu puisses t’introduire dans cet astronef, on te découvrirait et tu serais abattu avant même d’avoir compris comment il fonctionne.

— Il est évident qu’un pareil projet est plein de risques, convint Reith.

Ils regagnèrent le Vargaz et, lorsqu’ils furent de nouveau à bord, le navire leur parut être un havre de sécurité. Là, tout était normal.

Les opérations de déchargement et d’embarquement se poursuivirent toute la nuit. Au matin, ses passagers et son équipage au complet, on largua les amarres, on hissa les voiles et le Vargaz s’élança à travers l’océan.

 

Remontant vers le nord, la felouque longea la côte désolée de Kachan. Le premier jour, les voyageurs purent voir une dizaine de châteaux wankh que le brouillard engloutissait les uns après les autres. Le second jour, ils passèrent au large de trois grands fjords. Du dernier émergea une galère à moteur dont l’hélice brassait l’eau. Aussitôt, le capitaine plaça deux hommes de faction au canon. La galère coupa la route du Vargaz. Alors, on démasqua la pièce. L’intrus vira de bord sans demander son reste et le vent apporta l’écho assourdi des huées de l’équipage.

Une semaine plus tard, Dragan, la première des Îles des Nuages, se silhouetta à bâbord et, le lendemain, la felouque entra dans le port de Wyness où Palo Barba, son épouse et les deux filles aux cheveux orange débarquèrent. Traz les suivit mélancoliquement des yeux. Edwe se retourna et agita le bras, puis toute la famille disparut au milieu de la foule – vêtements de soie jaune et de lin blanc – qui encombrait le quai.

Le Vargaz resta deux jours à Wyness pour livrer sa marchandise, s’approvisionner et remplacer ses voiles. Puis les amarres furent larguées et le bâtiment reprit la mer. Poussé par une jolie brise de l’ouest, il franchit le détroit de Parapan. Un jour s’écoula, une nuit et encore un jour. La nervosité commençait à gagner les passagers ; tout le monde regardait vers l’est, essayant d’apercevoir les hauteurs de Charchan. Le crépuscule tomba et le soleil sombra dans un chaos de bruns, de gris et d’orange bourbeux. On servit au dîner des fruits secs et du poisson en saumure auxquels personne ne fit honneur : les voyageurs préférèrent rester sur le pont. La nuit s’étira. Le vent mollit. Les uns après les autres, tous les passagers regagnèrent leurs cabines. Reith resta accoudé au bastingage à méditer sur son destin. Du temps passa. Du haut de la passerelle tombèrent des ordres lancés d’une voix grondeuse. La grande vergue descendit le long du mât en grinçant et le Vargaz se mit en panne. Reith s’accouda de nouveau au bastingage. Dans les ténèbres brillait au loin un chapelet de lumières : c’était le rivage de Cath.

Le Wankh
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